Et d’un clou, naquît la lunette ….
C’est bien le métal qui est à l’origine des lunettes quant à la fin du XVIIIe siècle, un artisan-cultivateur eut l’idée d’utiliser de se servir d’un fil de fer qu’il utilisait en clouterie pour fabriquer une monture pour y faire tenir ses deux verres.
Morez doit son existence à la présence d’un cours d’eau, la Bienne, qui à partir du XVIe siècle va mettre en mouvement roues, moulins, martinets et autres machines à transformer le métal. Des ateliers des bords de Bienne vont sortir des clous, des horloges, puis au début du XIXe siècle des lunettes métalliques.
Dans les faits, la lunetterie dans le Jura représente une industrie dynamique. Le Jura deviendra alors le berceau des fabricants et des créateurs de lunettes avec comme capitale la ville de Morez qui fabriquera jusqu’à 80% de la production nationale. De recherches en innovations, la lunette évolue, est accessible au plus grand nombre et devient même un élément de mode pour certains. Des milliers de nouveaux modèles sont réalisés chaque année pour une centaine de marques dont certaines prestigieuses comme Nina Ricci, Lacoste, ou encore 100% Made in Jura comme Julbo,…
La région de Morez se caractérise actuellement par une quasi monoactivité industrielle dans la production de lunettes.
Près d’une centaine d’entreprises sont implantées dans le Jura.
Musée de la lunette
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L’Émail, un savoir-faire made in Morez
L’installation à Morez d’un émailleur suisse en cadrans d’horloges, répondant aux sollicitations des horlogers de la ville permet à l’activité liée à l’émail de s’implanter dans ce canton au cours du XVIIIème siècle. Des artisans locaux habitués au travail des métaux et à la décoration des cabinets d’horloge se tournent vers cette activité. A partir de 1860, l’émaillage sur tôle de fer s’industrialise permettant la diversification de la production.
Ainsi en 1935, 400 personnes travaillent l’émail à Morez. En 1930, un four à émailler est construit à l’usine de Baudin afin de satisfaire une clientèle délaissant les fourneaux en fonte brute au profit des poêles et cuisinières émaillés. Des cuisinières pour enfants et des émaux sont également fabriqués.
Le travail lié à l’émail est encore présent dans quelques entreprises avec notamment la production de panneaux signalétiques. Pour découvrir davantage ce savoir-faire, rendez-vous à la Maison de l’émail.
Des forges pour travailler le métal
Avec ses rivières, le Jura a été le département idéal pour installer des forges et travailler le métal. Fraisans, Rans, Syam ou encore Baudin sont restés très longtemps des lieux industriels très importants pour l’économie et le développement du Jura.
Les premières forges ont été citées en 1365, il s’agit des forges de Fraisans. Les forges de Fraisans faisaient partie des 22 établissements régionaux appartenant à Société des Hauts-Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche-Comté. C’était également le centre des activités de cette société jusqu’en 1936 et sa fermeture définitive. Ses principales réalisations ont été :
- le premier étage de la Tour Eiffel
- le Pont Alexandre-III à Paris
- la Gare de Lyon à Paris, et la Gare de Perrache à Lyon
Les Forges de Rans ont été fondées en 1705 par le prince de Bauffremont sur les bords de la rivière Doubs. Une partie des bâtiments sont inscrits aux monuments historiques depuis le 21 décembre 1984. Comme d’autres forges, le début du XXème siècle marquera son déclin et une fin définitive en 1935.
Les forges de Syam, auraient fonctionné depuis 1757. On y fabriquait essentiellement des faux, réputées dans toute la région, tant cette fabrication était délicate. Cet artisanat de qualité avait pu se développer grâce aux talents d’ouvriers venus du Tyrol. Fermeture en 2009.
Le château de Syam ou Villa palladienne à été construit en 1825. Le patrimoine industriel des Forges de Syam est inscrit aux monuments historiques depuis le 19 octobre 1943.
De sa création en 1794, à sa fermeture en 1959, le site des « Forges de Baudin » a été le lieu d’une intense activité industrielle. Elle aura réalisé la plaque émaillée de l’artiste SCHMIED représentant Guillaume Le Conquérant sur le paquebot Normandie. Lors de sa commercialisation, en 1935, c’était le plus grand paquebot au monde.
Le décolletage par l’enlèvement de matière
Très répandu en Franche-Comté et en particulier dans le Jura, la présence de nombreuses entreprises de décolletage est due au fort passé dans les secteurs de l’horlogerie et de la lunetterie. Pour rappel, le décolletage est l’usinage par l’enlèvement de matière (acier ou métal).
Ses principaux domaines et donc clients sont : l’automobile, l’aéronautique, aérospatiale, le médical, la connectique ou encore l’horlogerie traditionnelle.
Le lapidaire et le diamantaire,
des savoir-faire nés de l’horlogerie
L’art des lapidaires consiste à tailler et polir des pierres fines et précieuses. Péridot, rubis, spinelle, quartz, zircon, tourmaline, émeraude, pierre de lune, prasiolite, aigue-marine, améthystes… tous gemmes de couleur. La taille du diamant relevant quant à elle du diamantaire.
Dès 1550, les persécutions protestantes poussent les horlogers suisses vers le Haut-Jura français, tout proche. Avec eux, suivent les lapidaires en charge de la taille des verres et ornements. En 1685, la Révocation de l’Edit de Nantes et la fuite des diamantaires et joailliers parisiens vers la Suisse accroissent encore la population de lapidaires dans le Haut-Jura.
Enfin, en 1704, un brevet est déposé, qui préconise l’usage de rubis pour les pivots et contre-pivots des montres suisses. Le métier de lapidaire explose. On estime à 8000 leur nombre dans les Montagnes du Jura en 1920, la plupart étant des paysans qui trouvent ici une activité hivernale. Au-delà du marché horloger et de l’extrême minutie qu’il nécessite, les lapidaires hauts jurassiens sont réputés pour leurs productions exceptionnelles, privilégiant toujours la beauté de la pierre et pas seulement sa taille mais aussi l’éclat, la couleur, la veine. Au fil des siècles, nos artisans ont développé leurs propres techniques et inventé leurs propres outillages pour extraire le meilleur du gemme qui leur est confié.
Ils ne sont plus malheureusement aujourd’hui qu’une poignée en activité, mais leur savoir-faire et leur regard continuent d’inspirer les joailliers et créateurs du monde entier.