Le Jura, une aventure millénaire
De -250 à -100 millions d’années
Pendant une bonne partie de l’ère secondaire (époques du Trias, du Jurassique et du début du Crétacé), le Jura était une mer peu profonde parsemée d’îles, en bordure de l’océan Thétys, qui occupait l’espace des Alpes actuelles.
Ses marges étaient parcourues par les reptiles géants de l’époque : les dinosaures ! Des traces de leurs passages ont été exceptionnellement conservées et sont visibles sur les sites de Loulle ou Coisia.
Puis les fonds sableux de cette mer paradisiaque et le sel qu’elle contenait (voir plus bas) se sont peu à peu sédimentés sur des centaines de mètres d’épaisseur, pour former le calcaire qui constitue l’essentiel du Massif jurassien.
Les couches ont été parfois entrecoupées de dépôts de marne, une matière friable et grise. Calcaire et marne regorgent de magnifiques fossiles d’animaux marins – ammonites, gastéropodes, oursins, bélemnites, carapaces de tortues… Témoins du passé marin du Jura.
Le Jurassique est jurassien !
De -30 à -2 millions d’années : Les couches se déforment
À l’ère tertiaire, la poussée de la plaque tectonique africaine vers le nord et son rapprochement de la plaque européenne a écrasé l’océan Thétys et provoqué l’érection des Alpes. Puis, en conséquence, l’effondrement de la Bresse et, plus tard, les plissements du Jura. Le Jura marin est devenu Jura continent et les premiers reliefs ont fait leur apparition.
De -2 millions d’années -20 000 ans : les glaciations envahissent le Jura à plusieurs reprises
Depuis 2 millions d’années (ère quaternaire), la Terre alterne des périodes de glaciation et des épisodes interglaciaires. La dernière – glaciation de Würm – a créé un immense glacier qui a raboté une partie du massif du Jura. Lors de la fonte, l’eau a été retenue dans certaines zones sur-creusées : c’est ainsi que sont nés les lacs du Jura et la plupart des zones humides et tourbières du territoire.
De -20 000 ans à nos jours : des reliefs façonnés par l’érosion
L’eau de pluie, acide et corrosive, attaque depuis des millions d’années les roches calcaires et contribue activement à dessiner ses paysages originaux. Elle sculpte les montagnes, creuse les sous-sols et les gorges, forme les lapiaz (des roches « trouées » ou « zébrées ») et ressort sous forme de cascades ou résurgences, très nombreuses dans le Jura.
Au plus près du terrain
Pour bien réaliser l’incroyable formation du Jura, rien ne vaut l’exploration personnelle !
Découvrez le « Chapeau de Gendarme » dans les lacets de Septmoncel : une roche plissée anticlinale qui illustre la puissante pression exercée sur les roches calcaires.
Les reculées si typiques du Jura sont ces vallées spectaculaires et inattendues, nées de l’effondrement progressif de rivières coulant en leur milieu. Baume-les-Messieurs, Les Planches-près-Arbois, Gizia, La Frasnée, Blois-sur-Seille…
Aventurez-vous dans les grottes spectaculaires, notamment celles de Baume-les-Messieurs et des Moidons (à Molain).
Explorez les sentiers karstiques balisés, comme celui des Malrochers à Besain, à la découverte des richesses géologiques du Jura.
Une histoire plutôt salée !
Le Jura : un coulis de calcaire sur du sel qui date du… Jurassique.
Le Jura est présenté comme une chaîne de montagnes, mais pour les géologues, il s’agit plutôt d’une fine pellicule de calcaire en mouvement… comme un coulis de fruits sur une panna cotta ! Effectivement, quand le plissement alpin a poussé et s’est soulevé il y a 11 millions d’années, tout ce qui se trouvait à son Ouest s’est lui aussi soulevé et a glissé vers la Bresse et la Bourgogne. Une très légère pente de l’ordre de 0,5° à 1° a suffi… C’est d’ailleurs cette glissade qui explique la structure du Jura : de grands plateaux non déformés (ou presque), tel le plateau de Champagnole, et des zones très plissées-cassées ici et là (à Salins par exemple).
Et c’est le sel qui en est le responsable ! Ce sel qui s’est déposé quand la mer qui recouvrait alors toute l’Europe du nord a disparu. Il a joué le rôle de lubrifiant en favorisant le décollement et le glissement de grandes unités tectoniques calcaires.
Ces grands mouvements ont cessé il y a 3 millions d’années, mais le Jura continue toujours à se déplacer comme en attestent les mini-séismes régulièrement enregistrés. Les mesures les plus précisés indiquent un déplacement horizontal d’environ 1 mm/an (soit 1 km/million d’années) et une élévation de 0,3 mm/an pour les sommets…
L’Or blanc du Jura
La moitié de nos plastiques sont faits avec du sel… jurassien !