Le Vignoble du Jura se la joue collectif
Mis à jour le 20 octobre 2021
Laurent Chassot, un guide conférencier « pas comme les autres » (Guides pas Sages), nous raconte l’histoire des fruitières et nous explique de ce qui fédère, encore aujourd’hui, autour des vins du Jura.
Un peu d’histoire…
Si le Vignoble du Jura est animé d’un fort esprit collectif, ce n’est pas un hasard. Les dates témoins de cette fibre collective d’entraide, de solidarité, et de secours mutuel, sont nombreuses.
Les premières traces en sont la naissance de la confrérie de saint Vernier en 1627, et, en 1628-1629, le système d’aide apporté par la commune d’Arbois aux vignerons pour des mauvaises récoltes. Ont suivi, par exemple, la naissance des confréries de saint Vernier en 1627 et de Mesnay en 1640 ; la création de la Société de viticulture d’Arbois en 1858 ; celles de diverses sociétés d’entraide et des comices agricoles… Et, comme le montre le Biou, apparu en 1665, la Percée du Vin Jaune, créée en 1997, ou plus récemment, le Nez dans le Vert (le salon des vignerons bio du Jura), créé en 2011, les événements festifs sont aussi de forts rituels collectifs.
Le premier syndicat agricole de France, né dans la foulée de la loi Waldeck-Rousseau de 1884, est celui de Poligny. Le Syndicat des vignerons d’Arbois est créé en 1903. Le mouvement coopératif est également un des tout premiers de France : la Fruitière Vinicole d’Arbois est créée en janvier 1906 ; suivront celles de Poligny (1907), de Pupillin (1909) et de L’Étoile (1912). Ces coopératives apparaissent au moment de la séparation de l’Église et de l’État, et il y avait dans certains villages deux coopératives, laïque et catholique (comme à Château-Chalon). Ce mouvement coopératif est notamment inspiré des fruitières fromagères (apparues au XIIIe siècle).
Cet esprit collectif se marque par d’autres réalisations concrètes comme les cours de greffage (levier important de sélection et de qualité) organisés suite au phylloxéra, mais aussi par les obtentions des appellations d’origine contrôlée (ici aussi pionnières avec Arbois, première AOC française obtenue en 1936). Il s’est manifesté au XXe siècle avec la renaissance de confréries, plus ou moins folkloriques, se substituant aux confréries religieuses, telles la Commanderie des Nobles Vins du Jura et du Comté.
Les Guides pas Sages