Quand le chapelet…
Le jouets en bois une spécialité qui est née entre les mains des moines bénédictins dès le XIème siècle à l’Abbaye de Saint-Claude. Ce centre religieux fondé par les moines Romain et Lupicin vers 430 est devenu lieux de pèlerinage, surtout lorsque l’on découvre que près de 400 ans après sa mort, le corps de Claude, abbé au VIIème siècle, s’est parfaitement conservé. Miracle qui a fait beaucoup pour la renommée du lieu. Quelques miracles plus tard, l’abbé devenu saint lui donnait son nom et, avec le passage et le séjour des pèlerins, s’est installé le commerce et la fabrication des objets de piété (statuettes, chapelets …), objets tournés en bois.
En 1811, on compte 500 artisans (souvent des paysans) à Saint-Claude. L’activité s’étend vers d’autres communes du massif où pousse du buis et se développe vers la tabletterie avec la fabrication de tabatières.
L’arrivée de l’électricité au début du XXème siècle augmente la vitesse des tours et le nombre d’ateliers et d’artisans tourneurs. Ils sont 7600 en 1911 dans le Haut-Jura dans un rayon de 30 km autour de Saint-Claude ! Au fil du temps, les artisans paysans jurassiens diversifient leurs produits : jeux d’échecs, bobines, boutons que vous pouvez découvrir au Musée de la Tournerie.
Devient jouet….
Des hivers qui jouent les prolongations, des fermes isolées, la patience et la persévérance tenace des gens d’ici : l’équation est parfaite. Dans les années 1920-1930, les ateliers d’artisans sont passés au rythme industriel. Un essor concrétisé par l’arrivée de la plasturgie et les procédés de moulage dans les années 1950-1960. L’activité du jouet en bois décline avant de renaître ces dernières décennies. Retour aux sources et aux objets authentiques, retrouvez votre âme d’enfant au Musée du Jouet.
La Maison Forestière de JeuJura, Toby le chien ou encore Rosy la vache de Vilac, les plus modernes maison de Smoby… Des joujoux mythiques, sont nés ici, au cœur des Montagnes du Jura.
De bois tournés, de vernis colorés, de poésie et de fantaisie, on fabrique ici des jouets aux charmes éternels. Délicieusement rétro, étonnamment contemporains. Traditionnels ou modernes, en bois faits main ou high-tech, les Montagnes du Jura restent l’un des grands ateliers européens du Père Noël
Du jouet à l’objet de luxe
Les premiers artisans tabletiers travaillaient principalement, voir uniquement, l’ivoire, la corne ou encore le bois dur pour fabriquer de minces plaquettes servant à l’écriture. Au fil du temps, le tabletier fait des pièces de tour délicates et une infinité de petits ouvrages en bois, en or, en écaille, en corne, en nacre et en ivoire ; les dames pour le jeu de dames, les pièces pour le jeu d’échecs, les dominos ; des peignes, des bijoux, des étuis, boîtes, éventails, etc.
Au XIXème siècle, la tabletterie connaît un âge d’or grâce à la vogue des nécessaires de voyage, coffrets où s’agencent minutieusement un grand nombre d’objets issus de la production des tabletiers. Aujourd’hui, les artisans tabletiers – de vrais artistes – peuvent créer de nombreux objets de luxe utilisés en décoration ou en ameublement.
À noter que d’autres matières peuvent entrer dans la fabrication de ces objets comme la nacre ou le plastique.
La Boissellerie, l’art de sublimer le bois
Département fortement boisé, le Jura (plus particulièrement le Haut-Jura) est un berceau de la boissellerie avec la fabrication de nombreux objets en bois comme les boites à fromage, les seilles pour la traite des vaches, les barattes pour le beurre et différents objets de décoration…
L’omniprésence des forêts et du bois, principalement d’épicéa, mais aussi la densité de production laitière et toujours ces longs hivers qui autrefois figeaient l’activité montagnarde plusieurs mois durant, ont permis le développement de la boissellerie. Au départ, il s’agissait pour les paysans de produire des objets destinés à leur propre consommation. L’énergie hydraulique aidant, les productions se sont ensuite regroupées, densifiées, professionnalisées pour devenir une authentique spécialité du massif jurassien.
Aujourd’hui, les boisseliers ont légèrement modifié leurs gammes de produits et proposent entre autres, des jouets bois ou encore des objets de décoration. Même si cette activité a fortement diminué au fil des années, il existe encore quelques artisans dans le Jura pour perpétuer ce savoir-faire et produire : « En petite quantité, mais en grande qualité ».
Venez découvrir l’évolution des techniques et des machines, ainsi que l’ingéniosité des artisans du Haut-Jura, en parcourant le Musée de la boissellerie.
La « Plastics Vallée » toute proche
Saint-Claude, berceau mondial de la pipe de bruyère
Saint-Claude a acquis sa réputation pour la fabrication de la pipe en bruyère. Si la ville en est le berceau mondial, c’est qu’un long passé l’y a préparé. L’introduction du tabac en France vers 1500 incite les artisans de Saint-Claude à fabriquer des tabatières puis des tuyaux de pipes dès le début du XVIIIe siècle. Ils tournent ensuite des pipes en buis et en merisier. Mais ces bois au goût âcre résistent mal au feu, à la différence de la racine de bruyère méditerranéenne à la saveur agréable qui s’impose après 1856.
Le développement de la production conduit à l’industrialisation de l’activité pipière. Des usines se spécialisent dans cet article dès la fin du XIXe siècle, permettant à la ville de Saint-Claude de recenser 4 000 pipiers en 1912 pour une population totale de 12 000 habitants, et 6 000 en 1925. C’est à cette période, que la France vit apparaitre ses premières fabriques industrielles de pipes, de grandes maisons comme Butz-Choquin ou Chacom qui ont fait la renommée de Saint Claude.
Depuis quelques décennies, cette industrie doit faire face aux différentes campagnes anti-tabac, à la concurrence de la cigarette et aux crises économiques. De nos jours, quelques entreprises industrielles et artisanales se partagent cette activité.
Les tavaillons, pour se protéger du froid
On retrouve ces planchettes de bois traditionnelles sur les façades et les toits des maisons de nombreuses régions du monde. Le tavaillon est un élément du décor typiquement montagnard qui trouve son origine dès le Moyen-âge, dans la nécessité de protéger les petits bâtiments devant rester au sec comme les greniers ou encore les fours à pain. C’est au XVIIème siècle avec l’arrivée des clous, qu’il est utilisé sur des bâtiments beaucoup plus grands pour les toits et les murs exposés au froid ou aux pluies. De nos jours, il est d’ailleurs encore utilisé.